mardi 19 octobre 2010

L'Histoire d'une perle:De CITROËN à Vincent LINDON



Au mois de mars 1913, Paris était désoeuvré.
Pas de réforme des retraites!!! pas de scandale politique ou financier à se mettre sous la dent, c'est pourquoi un fait divers passionna la ville.
Une rumeur avait couru les semaines précédentes comme quoi des perles maquillées circulaient chez les vendeurs parisiens au prix des perles naturelles.

Alerté, le président de la chambre syndicale des négociants en diamants pierres précieuses et perles, Mr Rheims avait adressé une plainte contre X. Le parquet ouvrit une enquête. L'enquête aboutit chez un marchand Parisien Mr Willing qui de fait, vendait une perle qu'il proposait à la vente pour 260.000frs . (Si mes calculs sont bons 83.000 € de nos jours).
Cette perle avait été proposée à Monsieur Citroën ( famille d'André Citroën le constructeur automobile) de la branche des Diamantaires descendants de Roelof Citroen.
Monsieur  Armand Citroën, vice président de la Chambre Syndicale, acheteur éventuel avait, selon les us et coutumes de la profession, déposé cette perle dans un coffre au crédit Lyonnais sous enveloppe scellée.

D'après mon confrère spécialisé dans la perle, Laurent Duizend, expert à Paris, "C'est la manière traditionnelle de bloquer l'objet en attendant la conclusion de l'affaire"
Un commissaire de police, dépêché sur place avait saisi la perle pour la faire examiner par un collège de professionnels. Messieurs Bruhl, Citroên, Rheims et Templier la déclarèrent "Maquillée".

A l'époque , le prix d'une perle fine est proportionnel au carré de son poids exprimé en grains (le carat est le 5 eme du gramme et le grain, le quart du carat, soit le 20 eme du gramme)

Donc une perle de 10 grains avec une valeur de  une fois son poids:
10X10=100frs. 
Ensuite selon l'estimation de la qualité du lot ou de la perle on calculera une valeur multipliée par le carré du poids
Une perle de 10 grains au carré fait 100Frs, si on l'estime à 50 fois son poids cela donne 5000frs.
Ceci pour vous expliquer que les articles concernant ce procès ne donnaient qu'une indication:
"Mr Willing fit connaître qu'il avait reçu, pour la vendre 62 fois et demie son poids soit 260.000frs la perle
Ce qui nous donnerait un poids de 64 grains environ.pour différentes raisons, il est difficile de comparer avec notre époque en donnant la conversion de ce prix en Euros,près de 700.000€, mais en 1913 les perles fines étaient très, très chères.


Monsieur Willing avait deux associés sur ce coup, Mr Altschueler et Mr Barboza, et devait partager les bénéfices.
D'où venait-elle? cette perle d'Amérique naturelle mais d'eau douce, avait été acquise auprès de Monsieur Lindenbaum courtier en perles, je reparlerais de lui à la fin de l'article.
Mais la perle avait subi un traitement et nos complices avaient confié ce travail à un homme "de race Hindoue" Mr Varma.
Cinq années passèrent, une enquête longue et précise qui aboutit à un renvoi devant la 16 eme chambre correctionnelle de Paris.
Mr Altschueler étant décédé, Mr Barboza et Mr Varma se présentèrent seuls à l'audience assistés de Maitre Charles Philippe et de Maitre Rappoport.

Monsieur Barboza déclara que la "perle était très connue sur la place de Paris".

Varma expliqua que Altschueller lui avait confié la perle pour "l'améliorer" et qu'il devait participer aux bénéfices si le prix vendu dépassait les 108.000frs.
Varma lui avait donné une couleur rosée grâce à un enduit.

Appelé à la barre, Monsieur Reinach, expert, expliqua au tribunal

"Elle avait l'aspect d'une perle d'orient à raison de sa couleur rosée teintée. Elle ressemblait à une perle d'orient, mais lorsqu'elle fut trempée dans l'alcool, l'enduit est parti"
Varma répondit qu'"il avait mis du collodion pour l'empêcher de craqueler et que son travail n'était pas fini lorsque la perle lui fut saisie"

En réalité Varma l'avait enduit de Collodion à l'acétate d'amyle.

Renseignements pris auprès  d'un professeur d'Université
"L'acétate d'amyle, ou ethanoate d'amyle est un ester de l'acide acétique et de l'un des isomères du pentanol:formule brute:C7 H14 O2.
Il est utilisé comme dissolvant(par ex pour les ongles) et comme additif dans un grand nombre de procédés de synthèse chimiques. Là il est mélangé avec le collodion (qui lui est une substance chimique dangereuse) Cela ressemble a un vernis gélatineux qui a été d'ailleurs utilisé dans les arts au 19° siècle et début du 20°. 
L'idée est de laisser sur le support une matière vernissée plus brillante que la surface d'origine: on comprend l'intérêt du processus en question: maquiller la perle en une perle plus brillante et de texture différente."

J'ai sélectionné des passages du jugement du tribunal présidé par Mr Lemoine.


"Attendu que l'on distingue deux sortes de perles, les perles maritimes ett les perles d'eau douces, dites perles américaines, moins belles, généralement blanches et de valeur bien inférieure; Attendu que la perle en question avait été trempée par Varma dans un bain de collodion à l acétate d'amyle, opération qui avait eu pour résultat de changer son caractère d'origine, de lui donner le ton jaune des perles d'orient au lieu du ton mat des perles d'amérique; Attendu que la couleur ajoutée par Varma au collodion avait une importance particulière, puisqu'elle donnait à la perle une nuance légèrement dorée et mélangée de rose, qui pouvait la faire prendre par toute personne, même compétente pour une perle d'Orient ;

Attendu que le trucage était si bien réussi que lorsque monsieur Willing (dont la bonne foi n'a jamais été suspectée) présenta la perle à la maison TIFFANY, chez CARTIER, Chez BOUCHERON, tous connaisseurs, aucun d'eux ne découvrit la supercherie..."

Rheims, Citroën, Bruhl, Templier, excellents professionnels reconnurent aussi que s'ils n'avaient été prévenus, ils n'auraient rien vu. 

De même le tribunal indique que la perle avait été achetée par Altschueler 72.000Frs pour la revendre 260.000frs alors que le procédé n'améliorait rien, puisqu'il devait disparaitre à plus ou moins long terme , la tromperie sur la marchandise fut reconnue, et Varma fut condamné à six mois de prison et 5000Frs d'amende, quant à Barboza il écopa de 3 mois de prison et 500frs d'amende.

Léonard Rosenthal dans son merveilleux livre "Au Royaume de la Perle" écrivit en 1925




Cliquer pour agrandir l'image


 Dans cet article de ce blog il est des noms qui méritent qu'on s'y attarde!


Armand Citroën était d'une longue lignée de diamantaires, il est le neveu d'André Citroën le constructeur de voitures. 
 Barend Limoenmann à Amsterdam en 1811 dut changer son nom sous Napoléon et prit le nom de Citroen, c'est plus tard que le tréma apparut , Barend avec Netje Roseboom eut 14 enfants, six d'entre eux furent joailliers ou orfèvres, son sixième fils Karel Salomon était courtier en diamants à Paris
Le 8 eme enfant de Barend Citroën s'appelait Levie et avec Amelie Kleinmann ils eurent 5 enfants  Hugues et Bernard, qui étaient diamantaires. 
Armand Citroën est cité sur le document ci-dessous en tant que participant au repas du cinquantenaire de la Chambre Syndicale de la BJO de la rue du Louvre en 1927


Repas du Cinquantenaire de la chambre syndicale de la BJO en 1927
Sur ce document Armand Citroën est présent mais aussi les Lindon, nous en parlerons plus après. amis tous les acteurs de cet articles sont présents.












Sur cet autre document aimablement fourni par la chambre syndicale de la rue du Louvre on retrouve Armand Citroen au 26 rue Lafayette et Hugues, fils de Bernard Levie Citroën et frère d'André l'homme de la firme aux chevrons. Hugues est installé au 24 de la rue Lafayette.

Levie était arrivé avec sa femme au beau milieu des évènement de la commune, il faut être français pour assister impuissant à de pareils évènements et Jacques Wolgensinger dans son livre sur André Citroën dit que Levie et sa femme étaient "Effarés".

Mais il va rapidement assurer son affaire et est considéré par ses confrères comme un homme d'un grand sérieux, il avait réussi, mais déja...en 1873 la  crise...spéculations, grèves sauvages, etc...En 1883 des investissements dans le diamant d'Afrique du sud qui s'écroulent, des medicaments et drogues pour combattre ses inquiétudes...et Bernard Levie Citroën une nuit se défenestre .

Sa femme Amélie va reprendre son affaire. Ses enfants, Jeanne, Hugues, Fernande (j'en reparlerais) Bernard et André  vont devoir affronter la vie.


Armand réussit dans le diamant, réussit à Paris, donc fréquente le tout Paris, il a acquis une propriété dans le midi et en 1925, il invite Colette, dans sa villa de Beauvallon- guerrevieille, "la Bergerie"Près de Saint Tropez



Baie de Saint Tropez

C'est là qu'elle va découvrir le midi de la France, et connaître un courtier en perles et diamants, Maurice Goudeket, qui sera son troisième mari.
Maurice lui assure qu'elle va adorer le midi puisqu'elle aime la Bretagne
En 1926 Colette achète une maison dans l'anse des Canebiers là ou Brigitte Bardot s'établira, "la treille muscate"





La maison de Colette a Saint Tropez


Clocher de Saint Tropez

Dans nos personnages je citais Abner Lindenbaum ce courtier en perles.

Il avait décidé d'abandonner la nationalité polonaise pour la britannique tout en s'installant à Paris, et changea son nom en ALFRED LINDON.

Il n'est autre que l'arrière grand père de l'acteur Vincent Lindon que j'ai essayé de contacter, mais qui m'a fait écrire qu'il ne souhaitait pas me répondre.
Alfred Lindon/Lindenbaum l'arriere grand père de Vincent Lindon, était négociant en diamants et il épousa Fernande Citroën la soeur d'André;.
Vincent Lindon est le petit fils de Raymond Lindon, qui participa à la création de l'état d'Israel, mais qui fut aussi un grand procureur à la libération en 1944.
 

Il a laissé un grand souvenir dans ma Normandie natale comme Maire d'Etretat , chacun sait que c'est la ville d'Arsène Lupin..., quoique!, je passais tous les jours pour me rendre à ma Joaillerie devant la maison de Maurice Leblanc qui donnait sur le square Verdrel à Rouen, Ville ou il était né.
Raymond Lindon écrivit sur Arsène en 1949 sous le pseudonyme de "Valère Catogan", normal pour un procureur, c'est l'anagramme "d'Avocat Général"
Vincent est le neveu de Jérome Lindon, directeur des éditions de minuit, il est le cousin de Matthieu Lindon .
Son beau père est Pierre Bénichou...comme quoi la joaillerie permet des rencontres.


Et enfin Léonard Rosenthal dont le merveilleux livre sur les perles fines avait été offert et dédicacé par Jacques Tharin à mon père (les professionnels comprendront)

Grand courtier en perles fines,Léonard Rosenthal était aussi promoteur immobilier et il avait acquis la parcelle de terrain sur laquelle seraient édifiées "les Arcades des Champs Elysées.

Evelyne Cohen le relate dans son livre "Paris dans l'imaginaire national dans l'entre deux guerres "





mercredi 15 septembre 2010

Cartier: L'avant Biennale des Antiquaires 2010


Rue de la Paix 12/09/2010 16Heures 

Ce 12 septembre 2010, un temps superbe, beaucoup de monde Place de l'Opéra, la place Vendôme déserte, et entre les deux , une noria de Limousines noires dépose ou reprend des passagers au "13 Rue de la Paix."
Ma femme et moi avons été invités par un des 12 grands vendeurs de la Maison Cartier. Le meilleur vendeur Olaf Van Cleef
Cartier ouvre sa boutique un dimanche pour recevoir ses grands clients du monde entier depuis Samedi.
A l'occasion de la Biennale des Antiquaires qui ouvrira mercredi 15 septembre, Cartier invitait ses clients, et une Limousine avec Chauffeur les amenaient de leur Hôtel à la Boutique.



Veuillez cliquer sur les photographies pour les agrandir


Dès le pas de la porte, un service d'ordre impressionnant, des cerbères en costume sombre, au regard attentif, reconnaissable au micro dont le fil passe du visage à l'encolure du veston. Une première présentation..., une autre personne intervient.., un premier sas, et un personnel de charme très souriant qui vous fait attendre sur un canapé, le temps que la personne qui vous a invité vous prenne en charge.
Notre guide nous fait faire une visite des bureaux du magasin, du bureau des Chefs d'états à celui de Louis Cartier. 
Les boiseries de Style louis XVI ont été rénovées en 2006 lors des travaux pharaoniques qui avaient duré une année, elles avaient déjà été revues et restaurées en 1926 et en 1937 pour mieux les accorder au goût contemporain, des vitrines Art déco avaient été conçues dans un style cubiste. La cheminée est toujours là, et sur cette cheminée, un objet rare, une pendule à gravité qui glisse le long d'une colonne sous le contrôle d'un système à crémaillère. Lorsqu'elle arrive en bas , elle est replacée à la main en haut de la colonne et par là-même remontée. (Cliquez sur l image pour l'agrandir)



Collier platine 1 diamant briolette jaune de 50.03carats 1 diamant jonquille de 5carats28, 2 diamants taille rose de 12 carats21 et 12carats02 

Nous ressortimes dans l'entrée principale du 13.
La première pièce de joaillerie m'a beaucoup impressionné , un bracelet manchette en platine , motif tête d'oiseau dont l'aile fait le tour du poignet, tout en diamant, un surprenant traitement du volume. Je dois préciser que toute les vitrines sont fermées, il n'y a pas de clef, je ne vous parlerais pas du système, sauf que l'ouverture et la fermeture ainsi que celui qui a ouvert sont enregistrés, mais lorsqu'un vendeur prend une pièce dans une vitrine , il laisse a la place un jeton numéroté , sécurité supplémentaire dans le cheminement de l'objet.
Je posais la question" Ce sont des pièces aussi belles que du temps de Louis Cartier?" j'eus comme réponse "Bien entendu les gens très riches de notre époque sont plus riches que les Rois." Et comme je venais d'admirer un collier avec un motif dragons "On revient aux motifs Dragons ?" "pensez à nos clients asiatiques et surtout Chinois"




Bague en platine, un diamant brun taille émeraude de 24 carats 31, diamants taillé en baguettes et brillants



Pendants d'oreille en platine, deux diamants taille briolette, 20carats72, et brillants



Ce bijou dessiné était dans une vitrine, splendide collier en platine avec 7 saphirs poires gravés pour 95 carats 97, boules côtelées en saphir, diamants taille baguette, mais c'est pour rappeler son importance que je présente le dessin, même si certaines des pierres ont été sélectionnées avant, tout partira du dessin. Une maquette est la plupart du temps faite après ce dessin, mais le dessin est primordial , surtout chez Cartier.  



Ce magasin a été "rénové" par Sylvain et François Dubuisson en 2006, le premier avait été ouvert en 1899.

Il est difficile pour des raisons pratiques et stratégiques de montrer les ateliers ou de les faire visiter, et pourtant les clients le désireraient et au long de ma modeste carrière, mes clients adoraient venir dans l'atelier, mais pour eux c'était approcher du mystérieux de ce métier, ils aimaient aussi voir leur bijou en cours de fabrication. Souvent les ateliers sont ailleurs , Cartier a toujours eu des ateliers dans l'immeuble .
Cette coupole au centre du grand hall a été vitrée pour que les ateliers puissent être vus , je trouve cela très important. Bien entendu Cartier donne du travail à de nombreux artisans en dehors de leurs ateliers, ne serait ce que pour entretenir le savoir faire.
Ce hall était dimanche remplis de clients venus du monde entier pour voir 400 pièces d'exception, peu importe les prix, ce sont des joyaux oeuvres d'art.
Là encore j'insiste sur la sécurité, des gardes se trouvaient en bas de l escalier et ne laissaient passer que sur ordre d'Olaf Van Cleef

Les architectes qui ont conçu ce magasin en 2006 ont étudié les archives de la maison afin de recréer le magasin tel qu'il aurait pu être lorsque Louis Cartier s'est installé rue de la Paix à la fin du XIX°.
Là encore, en montant cette escalier , nous croisons le regard de Louis Cartier dont le portrait se trouve dans l'axe , au centre de l'étage.




Ci contre Dessin d'une pièce exposée et qui est réalisée dans les tons de vert et bleu chers à Louis et qu'il appelait son "décor de Paon"
Cette nouvelle collection utilise beaucoup la couleur.
Des opales exceptionnelles dont une superbe opale de feu de 5 à 6 cm de haut avec un volume rare et retravaillée par un glypticien qui a poli et gravé cette pierre pour rester au plus près du cristal d'origine.



Au centre de ce bijou, une opale magnifique, de grande taille, 35carats52 , elle si profonde et changeante qu'il faut avancer, reculer, la voir de droite et de gauche pour apprécier cette pierre.

Au passage un petit mot de cette pierre, le Larousse des pierres précieuses nous précise que "l'origine des couleurs a fait l'objet de maintes hypothèses, jusqu'en 1965 ou des scientifiques Australiens et Allemands mirent en évidence la structure des Opales grâce au microscope à balayage électronique" Elles sont constituées d'un assemblage de sphérules siliceuses. Lorsque ces sphérules sont de dimensions variées, l'assemblage est irrégulier et la lumière ne peut qu'y diffuser, ce qui donne l'aspect laiteux; mais lorsque les sphérules sont de dimensions identiques elles forment un empilement compact constituant en quelque sorte un macrocristal, une opale noble peut être considérée comme un objet polycristallin.
Pour simplifier l'opale est comme une confiture, une gelée de microcristaux c'est une définition personnelle qui n engage que moi

Ce collier splendide réunissait un ensemble autour de l'opale composé d'un saphir cabochon ovale, moins poire que sur le dessin, 8 diamants jaunes taillés en briolette des boules d'opale des brillants, des boules côtelées en émeraude.




Les pendants d'oreilles composés de 2 saphirs taille cabochon 10carats78, 2 diamants taille briolette 2carats1, des roses, boules côtelées émeraude, boules opale , diamants taille brillant.

Mon fils me demandait pourquoi il y avait un verre d'eau dans la vitrine.

Dans ce gel siliceux qui compose les Opales, il y a de l'eau et c'est très important, car le dessèchement possible de l'opale affecterait l'iridescence de la pierre et provoquerait des fissures et même la rupture de la pierre, il ne faut pas un climat trop sec pour ces pierres.






Opale blanche de 40.67carats saphirs violets de 10cts39 et 10carats22, 1 saphir paparadscha de 2carats 50, 1 saphir rose de 5carats 43.
2 eme collier saphir jaune coussin de 11carats14, 1 opale de 26.04carats, 1 diamant jaune poire, des boules d'émeraudes et des diamants taille brillant.


Cartier Photo © par B. Rindoff-Petroff 2010

Ce soir là un repas était offert par Cartier à ses invités et le collier en émeraudes ci-dessus était porté par l'égérie de Cartier ,"il sublime e bella Monica Bellucci." Cliquez pour agrandir





Pour moi l'une des plus belles pièces, mêlant le rose de la Morganite (petite soeur rose de l'émeraude) le vert des saphirs coussin, et celui des chrysobéryls, une couleur de pêche associée à celle d'une pomme verte...un bijou de printemps, ou le rappel de bonbons acidulés qu'on aimerait gouter, l'impression que toutes les couleurs de peau peuvent porter ce bijou. un équilibre dans la dissymétrie des motifs, je n'ai pas de mots pour qualifier cette merveille.




Les pendants d'oreilles qui accompagnent ce collier

D'autres pièces paraissent plus classiques mais les détails font apparaitre une telle recherche, une telle sélection des pierres.









Mais, 400 pièces ne pouvaient s'exposer toutes, dans le magasin du 13 rue de la Paix par manque de place, alors la Maison avait choisi l'opéra comique pour y installer des vitrines, nous faire découvrir ce cadre , et le Dimanche soir y donner un merveilleuse réception ou Monica Belluci, égérie de Cartier rencontrait leurs invités.
voir sur ce site quelques photos de cette soirée , la façade de l'Opéra comique décoré par des lasers, Monica, Les invités!!!
http://www.purepeople.com/media/la-soiree-cartier-a-l-opera-comique_m473302

Donc accompagné de notre guide, Olaf Van Cleef,  nous nous retrouvons sur le trottoir ou nous sommes invités a monter dans une magnifique et longue "Mercédès" avec un chauffeur qui nous conduisit à l'Opéra Comique, par l'Opéra Garnier et les boulevards. De nouveau, une fois les portes ouvertes par des grooms en noir et rouge, il fallut montrer patte blanche pour pouvoir rentrer.



Un saphir rond gravé de 60carats 89, les griffes qui sont serties de diamants, une première collerette de diamants taille brillant, le tout sur or gris car c'est une bague, et le platine est trop mou pour le corps d'une bague.
Ce n'est pas un saphir ayant appartenu à un Maharadjha, mais un cabochon que Cartier a fait graver.

J'avais amené mon Nikon , mais comment prendre des photographies avec le monde qui était là, des personnalités qui ne désirent surement pas être photographiées entrain d'acheter ces merveilles et elles se vendaient, a observer les vitrines, car lorsqu'une pièce était vendue Samedi ou Dimanche, un cachet de cire rouge avec les deux C entrelacés se trouvait à sa place.


C'est pourquoi cette photographie d'un salon de l'opéra comique est vide de personnages, par discrétion pour les invités, mais essayer d'imaginer les vitrines dans les grands salons, certaines dames en robe longue, et par une porte entrouverte, les acheteurs, les vendeurs, les gardiens de ces trésors assis à des tables installées pour l'occasion.




Un très beau dessin, je vous invite à observer la technique du dessin de bijou, c'est d'abord, d'où vient la lumière imaginaire? sur celui ci, c'est en haut a droite, c'est le pourquoi des petits points de gouache blanche qui vont faire une grande partie du relief et puis a droite de l'émeraude gravée , quelques touches de gris, quelques traits noirs vont donner du volume.



Regardez les point de lumières sur le bijou, ils correspondent au dessin.


Entre temps sont passés par là et surtout sur ce bijou, le glypticien qui va graver cette émeraude de 77carts30, les joailliers, puis dans un premier temps les polisseuses, retour de l'objet vers les sertisseurs, reprise du polissage; les enfileuses(eurs) vont passer ces boules d'émeraudes sur leurs fils, un long travail permis par la longue expérience de ces artisans, de ces ouvriers hors du commun.



Mais Cartier ce ne sont pas que des bagues, bracelets et colliers, ce sont aussi les objets, et à l'Opéra comique, je ne sais plus si c'était au premier étage ou au deuxième qu'étaient exposés deux pendulettes dont une "Mystérieuse" en or gris, cristal de roche, agate grise et diamants taille brillant.

Cet ensemble de bureau en or gris avec une Serpentine gravée, du corail, de l'onyx, des diamants; Un stylo en or gris et laque noire (était ce un Mont blanc du même groupe que Cartier, le groupe Richemont?)



Il y avait aussi de grandes coupes en Calcédoine ou en agate rubanée avec des motifs joaillerie, pour l'une d'entre elles, ce motif comportait 1 saphir taille cabochon de 14 carats 25, du cristal de roche, cornaline , onyx et diamants.

Le tout était exposé avec un éclairage soigné mettant en valeur les bijoux et les objets.
Alors que la veille j'étais abattu, déçu au musée des arts décoratifs par la pièce d'exposition des bijoux historiques, une lubie de nos haut fonctionnaires et conservateurs qui détruit la qualité des pièces exposées, une pièce noire, de petits spots mal dirigés, des légendes a 50 cm du sol, dans la pénombre ou dans le noir, c'est scandaleux, car c'est raté et de plus on a fait sponsoriser cette horreur par "Rolex" qui aurait du refuser. Ce sont les bijoux qui doivent être mis en valeur,  Les conservateurs de musée ont des lubies, assistés de cabinets conseils aux idées proches du farfelu.

Excusez moi du peu, mais cela renforce pour moi le sérieux de nos grands joailliers, qui savent éclairer, illuminer l'immense travail et les connaissances de tous les acteurs participants à la création de ces chefs d oeuvres.




Une dernière pièce (sur 400) un collier en platine, diamants taillés en brillant, boules de diamant bruns, onyx , perles de cultures et émeraudes pour les yeux, entourent une tête de panthère en bois silicifié. Un "bois" de 70 millions d'année devenu pierre.
Travail de Philippe Nicolas, glypticien, au long parcours d'étude, si je puis dire, un homme qui a fait "Boulle" puis les Beaux Arts.
Dans un interview il a résumé ce que pensent beaucoup de professionnels et je l'en remercie.

"La transmission de métiers ou le travail sur une pièce peut durer jusqu'à deux ans et demi se heurte aux critères de réussite de notre époque"
Cet homme comme nombre de ceux qui ont fabriqués ces objets exposés a hérité d'un patrimoine et le retransmet a des élèves c'est l'accomplissement de sa vie, c'est l'accomplissement d'une vie.
Mais nous avons besoin d'eux, Cartier et les autres Joailliers ont besoin d'eux mais peu de grandes maisons les utilisent.
C'est toute la politique que Alain Dominique Perrin avait développé , un grand merci aux femmes et aux hommes du "13 rue de la Paix"




La visite est terminée à l'Opéra comique, nous redescendons l'escalier traversons la cour d'entrée, retrouvons le chauffeur et la limousine qui nous ramènent rue de la Paix.

Après midi d'exception , merci aux photographes, aux dessinateurs je les cite:
Jean Larivière, Nils Hermann, thierry Matty, Ulf Sjostedt/Getty images, Massimo Pessina, Alessandro Mendini, Laila Pozzo, vinceny Wulveryck, Agence Bulloz, Gérard Blot/alinari, Lisa larsen, Otto Rodge/Corbis, studio photo Gérard, philippe Gontier, Gilbert Nencioli

jeudi 26 août 2010

Albert Londres, Lang Villars, suite....

J'étais parti d'un article de presse sur un fait divers qui traitait en 1934 d'un recel de bijoux Van Cleef et Arpels appartenant à une madame Lang Villars


Photographie transmise par Francesco Culicelli

J'ai reçu grâce à Internet des témoignages et des photographies, mais pour se remettre dans le bain de l'époque:
cet article  du Journal "CYRANO" de 1934
Que de mystères et de questions sont posées par cet article et d'autres de la presse de l'époque. Mais elles n'ont pas obtenu de réponses
Un membre de la famille du pilote, de nos jours continue a chercher ces réponses il y consacre un site internet: François Goulette


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Il m'a adressé des photographies de sa collection privée, personnelle, et de sa famille.

Une équipe cinématographique française  contacterait des personnes concernées par ce sujet depuis le début du mois, mais j'ai reçu aussi quelques photographies de la part d'un écrivain italien qui a consacré un livre a ce drame. Le titre de son livre:
"Il mistero dei Monti Ernici" 

Sous titre "La Fémmina morta".  
Cet écrivain se nomme Stefano Magliocchetti.
Il avait découvert dans la montagne lors d'une randonnée le monument aux victimes de cet accident 

 François Goulette m'a indiqué ce qu'il y avait d'écrit:
"A Picard Susanna Sarah, Lang Willar Alfredo, Goulette Marcello Francesco , Moreau Luciano 25 maggio 1932" 
C'est l'hélice de l'appareil qui se trouve  sur le rocher, il manquerait un appareil de bord qui était incrusté sur le rocher en bas à gauche.
 Stefano Maglioccheti va vouloir comprendre ce monument et ce qui s'est passé, il va se rendre en France, en Suisse, en Italie en Egypte.....

Il raconte....le 25/5/1932 comme chaque année à Véroli, c'est la fête en l'honneur de Santa Maria Salomé. Non loin de là dans les montagne du massif Ernici  un avion s'écrase avec quatre passagers.
Stefano Maglioccheti nous dit que Alfred Isaac Willar, est le cousin de Louis Dreyfus, qu'il est juif ainsi que Sarah Suzanne Picard et que comme Louis dreyfus, originaire de Suisse et dans la finance internationale.
Alfred,né le 20/1/1875 à Bâle, et Suzanne née le 4/3/1894 à la Chaux de Fond en Suisse avaient échappé quelques jours auparavant au naufrage du "Georges Philippar" 
Albert Londres avait été entrainé par le fond mais pas Alfred et Suzanna qui bons nageurs avaient pu rejoindre le navire soviétique qui était arrivé dès le début du naufrage.
Alfred aurait été un ami proche de Léon Trotski et serait même vu proposer par ce théoricien de la révolution permanente le ministère des finances Russe. Quant à Suzanne Picard son père Gabriel Picard aurait été parmi les fondateurs socialistes du journal l'humanité (Louis Dreyfus est l'un des principaux souscripteurs de ce journal)


Marcel Goulette
Son livre relate la carrière de Marcel Goulette ses exploits, ses quinze années au service de l'aviation civile et ses expéditions avec son Farman vers le Sahara l'Afrique et la Réunion mais il relate aussi celle du second pilote à la carrière tout aussi héroïque  Lucien Moreau:


Lucien Moreau











Au delà des aspects romantiques, dont l'espionnage et la politique fiction entourent ces faits, il faut noter que si d'autres  aviateurs avaient refusé ce vol commandé par le journal L'Excelcior, seuls Goulette et Moreau avaient été jugés capables d'effectuer la liaison de Paris à San Vito Dei Norman et Salerne Rome Livourne Gênes et Marseille ou ils devaient déposer les époux Lang Willar.
J'ai donc reçu aussi la très belle photographie de Suzanne,  qui  fait la couverture du livre de Stéfano Maggliochetti.
Suzanne est l'arriere grand mère maternelle du chanteur RAPHAEL Haroche, l'auteur de "Caravanne"
 Ce livre doit être fascinant car  il mêle les histoires de quatre personnages qui nous font côtoyer les aventuriers et les célébrités de ce premier tiers du vingtième siècle.
Néanmoins il reste beaucoup de questions auxquelles  les gouvernements de l'époque avaient refusé de répondre.
Bonne chance à François Goulette qui comme Stefano ne connaissait pas l'épisode des bijoux Van Cleef de Madame Lang Willar

Si quelqu'un peut résoudre ce problème?


Quelle est la bonne orthographe du nom : Lang Villars, Lang Willar, Lang Villard etc

J'ai reçu d'Italie d'excellentes photographies en couleurs grâce à la gentillesse de Monsieur Francesco Culicelli, je l'en remercie. 

















Cliquez pour agrandir
On voit bien l'emplacement de ce cadran de bord qui était incrusté et qui a disparu






Et puis cet article de l'Ouest éclair sur les obsèques des aviateurs









CAMEE de Fontaines pétrifiantes



Vous trouvez aux puces un camée, ou un client vous amène un camée en matière blanche représentant une tête de femme de profil.
Vous l’examinez, la couleur est « ivoire » c’est plus lourd qu’un camée coquillage mais la dureté semble égale, ce n’est pas un marbre….quoique !!




Vous retournez le camée, le dessous est brut et en regardant de plus près ou avec une loupe  10X, vous observez un agrégat de microcristaux blancs.
C’est du carbonate de calcium, du moins la matière que vous avez sous les yeux en contient  une très grande quantité !
C’est le composant principal du calcaire et de la craie, mais aussi du marbre, mais c’est aussi le constituant des coquilles d’animaux marins (d’où l’idée d’un camée coquillage) le corail et même les coquilles d’escargots.
Mais quelle idée de se servir de cette matière pour un Camée!




Vous retournez à nouveau le camée et  observez bien le dessous, c’est une matière qui, pourtant, ne vous rappelle rien.
Vous vous trouvez en présence d’un camée fabriqué à l aide de fontaines pétrifiantes.
Il n’est pas besoin d’aller loin, en Auvergne, ou les hommes comprirent vite le processus de formation. En 1665 dans « Mémoire sur les grands jours d’Auvergne » Esprit Fléchier décrit le phénomène




               « durcissent insensiblement, se couvrent d’une écorce »

Les habitants de cette région commencèrent  à faire des essais en mettant dans ces fontaines des végétaux ou des écorces d’arbre, puis ils en arrivent aux poteries, etc.  Ces fontaines, ou plutôt ces sources qu’on dit pétrifiantes, aux eaux très riches en dioxyde de carbone contiennent une très grande quantité de carbonate de Calcium, appelé autrefois carbonate de chaux. Et des objets exposés plusieurs jours sous ces eaux ruisselantes se retrouvent recouvert d’une couche de Calcite.
C’est en 1828 à Saint Nectaire que Jean Serre va mettre au point le processus de recouvrement. Puis Mr Clementel  propriétaire de l’ensemble des sources  comprend que lorsque l’eau sort de la terre à l’air libre, le carbonate se précipite sous forme de cristaux avec un grain grossier mais qui devient de plus en plus fin. Il va donc aménager ces sources et y exposer des objets et même des animaux empaillés  qui avec le temps deviennent des sculptures de pierre.
Au début du XIX° nos auvergnats  emploient une nouvelle méthode.
Ils fabriquent des motifs qu’ils vont mouler au début en soufre, puis en gutta Percha qui est une gomme végétale naturelle issue du latex (elle entre de nos jours dans la composition des balles de golf)
Ils en viennent à créer des tableaux en reliefs et ces produits se vendent toujours. Ils ont découvert aussi que l’eau en passant dans des canalisations contenant des copeaux de bois se filtrait de l’oxyde de fer contenu, ce qui donnait aux objets cette teinte ivoire.
Si vous vous rendez sur le site :


Vous découvrirez ces « escaliers » sur lesquels les moules sont placés pour être recouverts petit a petit de carbonate de calcium
« Ici, se déposent jusqu’à 25 cm de calcaire par an. Dès le début de la fabrication, les moules en Gutta Percha sont placés dans le bas de l’échelle, afin de recueillir des dépôts de calcaire fins et durs et réaliser ainsi la face du bas-relief. Nous terminons de remplir les moules en les remontant progressivement vers le haut de l’échelle où les grains de calcaire sont plus grossiers et plus abondants. Au final nous obtenons des bas-reliefs en calcaire dont la finesse et le poli font penser aux plus beaux ivoires. » 
Cette maison continue la fabrication camées montés en bijoux et m'a fait parvenir une photographie.



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