vendredi 26 décembre 2008

La Route des Emeraudes




Cette émeraude gravée de 217,80 carats de 5cm10, de haut porte une gravure . C'est une prière islamique gravée en l'an 1107 de l'hégire, calendrier lunaire encore en cours dans le monde musulman, jusqu'au 28/12/2008 nous sommes en 1429.
 L'année 1107 équivaut à l'année1695 de notre calendrier, (un rapide calcul vous permettra de trouver que nous devrions être en 2017, tout simplement parce qu'une année hégirienne est plus courte qu'une année grégorienne d'environ 11 jours)

Texte de la gravure:
Ya rahman ya rahim, y a Allah,Allahouma sali Allah mohamed, oualla fatima, oualla el hassam ouael houssim, Oualla Mohamed oua jaafar oua moussa,oualli ou mohamed, oual habbib oual majjid el kheim.
Ce qui veut dire,
Ceci est une prière pour Fatima la fille du prophète Mohamed et ses deux enfants, Hassan et Houssein et ses descendants.


C'est de l'art Moghol du XVII ème siècle.
Les Moghols étaient de confession Sunnite. Les Moghols (descendants des Mongols) à cette époque voyaient leur déclin s'amorcer mais à leur apogée en 1687, ils occupaient pratiquement toute l'Inde.

Cliquez sur la carte pour agrandir
Source site aleph2at.free.fr

Il y a des émeraudes en Inde, au Pakistan, en Afghanistan!

Or cette émeraude vient de Colombie!

Ce n'est pas trop étonnant puisque les Espagnols avaient découvert l'Amérique en 1492 et qu'après ils continuèrent certaines routes maritimes vers l'inde.
Mais une boucle d'oreille, en or torsadé avec une émeraude, découverte lors de fouilles archéologiques en 1997 à Miribel dans l'ain, l'émeraude viendrait de la vallée de Swat-mingora au Pakistan, or cette boucle d'oreille est Gallo Romaine!

Quel chemin pour parvenir en Gaule! Théophraste et Pline l'ancien nous ont rendus compte de diverses provenances, mais quel crédit leur accorder, car ils évoquaient des statues, des colonnes en émeraudes (Ils se trompaient peut être un peu)!

Pourtant il citaient les émeraudes de Bactriane en Afghanistan, alors que la découverte de ces mines date de 1972
Alors d'où  provenaient les émeraudes présentes depuis le XVI° siècle dans les musées du Caire, De Moscou, de Téhéran, de Paris, de Londres, de Washington?

L'étude des inclusions permet pour certaines pierres d'assurer leur provenance, mais pas
 pour toutes les émeraudes? Décidément à qui se fier?

(je rappelle au passage que la législation française interdit de donner des provenances sauf cas précis!)
La science est venue à notre secours par le biais de l'analyse des Isotopes stables de l'Oxygène, par spectrométrie de masse et a permis d'élaborer une carte isotopique de l'émeraude et de ses gisements.

Loin de moi de vous faire un cours technique, ce n'est pas le but de ce site, mais l'analyse isotopique de l'oxygène sur une sonde ionique IMS 1270 permet d'effectuer une mesure sur une surface polie de la pierre sans l'altérer, juste un petit point en creux de quelques angstroms de profondeur, soit 1/10° de  milliardième de mètre donc invisible à la loupe.
Cette analyse est basée sur les rapports isotopiques18:O / 16:O qui permettent d'identifier la plupart des émeraudes.(je vous renvoie a : http://fr.wikipedia.org/wiki/Isotope)

Les techniciens français du C.R.P.G./C.N.R.S se sont aperçus que les émeraudes provenant
 de différentes mines avaient des rapports différents et après les avoir quantifiés, ils ont établis une échelle.
C'est comme une carte d'identité des émeraudes naturelles(ou synthétiques)
L'Oxygène est le constituant chimique le plus abondant de la croute terrestre et le constituant majeur de l'émeraude.
Vous devinez la suite, il devient possible de savoir avec certitude d'où vient une émeraude.

Il devient possible de pouvoir répondre aux questions que se posaient tout un chacun sur ces trésors ou s'étaient accumulées des émeraudes , ces émeraudes qui voyageaient du Caire à Istanbul en 1517, ou de Delhi à Téhéran en 1739: Les mines afghanes étaient elles déjà exploitées à l'époque d 'Alexandre le Grand? ou seulement découvertes, ou redécouvertes par les Soviétiques en 1976? L'émeraude de "Bactriane" n'avait elle existé que dans les livres de Pline l'Ancien?

Il n'y avait plus qu'a vérifier, ce que fit l'équipe du C.R.P.G./C.N.R.S . sur neuf émeraudes de diverses provenances.

Ainsi l'émeraude ayant orné le Lys frontal de la sainte couronne de France.



l'analyse indique une origine autrichienne.

Si la valeur isotopique indique trois gisements possibles pour cette émeraude, un au Zimbabwe, un au Brésil,et un en Autriche, il est retenu pour cette émeraude une origine Autrichienne confirmée par l'observation microscopique des inclusions de cristaux de mica et des inclusions fluides à eau et gaz carbonique comparables à celles décrites pour les émeraudes d'Hatchabal. Ces mines étaient déjà connues des celtes et avaient été exploitées par les Romains.




En revanche la valeur isotopique de la boucle d'oreille gallo Romaine de Miribel indique une origine de la vallée de Swat-mingora au pakistan.
Or ce gisement aurait été découvert en 1958!!!

L'émeraude brute provenant de l'épave du galion espagnol "Nuestra Senora de Atocha" a un rapport isotopique qui permet de vérifier d'où elle venait avant d'avoir été chargée sur ce bateau qui coula en 1622 dans dans le golfe du Mexique, elle provient sans aucun doute des fameuses mines de Muzo, et plus précisément des mines de Tequendama. L'origine n'est pas indiquée par les livres de bord du galion, car les émeraudes n'étaient pas enregistrées, mais l'origine est confirmée par l'observation des inclusions fluides triphasées a cube de sel.

 J'avais abordé le sujet des triphasés en Juin 2008 à l'adresse:
http://richardjeanjacques.blogspot.com/2008/07/le-triphas-dans-lemeraude-de-colombie.html

Pour vous informer de l'histoire de la découverte de ce Gallion par un américain, chercheur de
 trésor: 

http://money.unblog.fr/?s=odyssey Une découverte estimée à 500 millions de $
Ci contre, émeraude brute de l'oural
Donc ces émeraudes de Colombie étaient commercialisées partout en Europe, au moyen orient, aux Indes.

Reste les quatre émeraudes du trésor du Nizam d'Hyderabad, trois d'entre elles proviennent de trois mines différentes......de Colombie! La quatrième , provient des mines afghanes de la vallée du Panshir or ces mines étaient données comme découvertes au début des années 1970 et prospectées par les géologues soviétiques dès 1976. Donc ce résultat démontre bien que la découverte n'est pas si récente et que ces mines auraient été exploitées dès le XVIII° siècle.


Ainsi nous pouvons tracer cette route des émeraudes:
En noir, de Bogota vers Mexico, la route précolombienne de -500 jusqu'au 15 ° siècle
En jaune, la route de la Soie 18° avant Jésus christ jusqu'au 15°
En rouge la route Espagnole avant 1571
Partant Alexandrie et passant par Istanbul, la route Romaine, ~ 1500 avant Jésus Christ
En vert la route Espagnole après 1571


Les Espagnols ne ramenèrent des émeraudes en grande quantité, qu'a partir de 1546, pourtant Cortès avait ramené 5 merveilleuses émeraudes du Mexique, il les avait pillées dans le trésor du Souverain (Tlatoani) aztèque Axayacalt , il les fit graver d'ailleurs au Mexique, or a ce jour , aucun gisement d'émeraudes n'a pu être mis en évidence au Mexique ou en Amérique Centrale! Cela démontre que des échanges importants existaient entre les groupes socioculturels amérindiens , malgré des distances considérables. Ce n'est seulement qu'en 1545, après la conquète du Pérou que Pédro, Fernandez de Valenzuela se fit révéler la position du gisement colombien de Chivor, s'appropriant ainsi les mines des plus belles émeraudes.



Le 150 eme anniversaire de la Maison Boucheron est passé. Cette bague fêtait l' anniversaire.

N'allez quand même pas demander une analyse des Isotopes stables de l'Oxygène par spectrométrie de masse de ces émeraudes, elles sont belles et triées soigneusement et cela ne vaut pas la peine de faire faire une analyse pour des petites pierres.
Mais cette bague "Mystère" a vraiment de la "gueule"





Reférences bibliographiques:
Gaston Giuliani,Marc Chaussidon,Henri jean Schubnel,Daniel H Piat, Claire Rollion Bard, Christian France-Lanord, Didier Giard, Daniel de Narvaez, Benjamin Rondeau
Traduction de l'arabe: Ech Khaima, qui n'est autre que mon voisin.



mardi 9 décembre 2008

Faire de l' Or fin avec ses déchets



Un mot pour les lecteurs de ce blog qui ne sont pas des professionnels: 

Les Bijoutiers Joailliers liment, martèlent, découpent des plaques d'or, des fils....cela fait des limailles, des morceaux d'or. Tout cela tombe dans une peau en cuir ou un tiroir spécial situé au dessus des genoux. Régulièrement dans la journée ou selon les changements de métaux, ils recueillent ces déchets et les placent dans leurs boites à métal.
Ce sont des boites avec deux compartiments, le premier est un peu comme une passoire, qui laisse passer les limailles et se situe au tiers supérieur de la boite. Il y a une boite par métal employé, l'or jaune, l'or rose, l'or gris, le platine. Certains bijoutiers peignent une bande de couleur sur les boites pour éviter les erreurs (les étourdis comme moi).



Les morceaux de métal vont resservir pour des pièces plus petites .


Et les limailles vont être données à des laboratoires de traitement des déchets précieux. Il faut vous dire aussi qu'une partie de cet or travaillé, va sur le sol de l'atelier, et régulièrement le sol est balayé, poussières et autres déchets y compris. Nous récupérons tout , même les filtres de polissage, les vieux bains de dorures, etc. Autrefois les ateliers traitaient eux-même ces déchets, mais le temps passé, les acides à employer, les fumées....! Néanmoins, il peut être intéressant d'avoir à l'atelier, un peu d'or fin, pour sertir certaines émeraudes par exemple, pour relever le titre d'un morceau d'or refondu dont la pierre de touche ferait douter de sa teneur en or!

MÉTHODE ET RECETTE

Surtout, pas de fer ou métaux ferreux dans nos déchets, ce qui veut dire qu'il faut tout vérifier, tout passer à l'aimant et quelque fois découper en morceaux. Dans les boîtiers de montres anciennes, il y a la plupart du temps des ressorts pour l'ouverture des boîtiers! Dans les charnières de poudriers, de boites, se méfier des goupilles, remplacées souvent au cours de la carrière du bijou par des métaux ferreux..., tout ce qui a été fabriqué pendant la période 1939 à 1949 (on se débrouille en temps de guerre, et nombre de bijoux de cette époque qui me sont passés entre les mains étaient plus que douteux) Enlever systématiquement tous les ressorts des anneaux ressorts et des mousquetons, les soudures à l'étain, etc. 




PREMIERE CUISSON

Pour ce qui va suivre, il vaut mieux une hotte aspirante dans l'atelier, ou une très bonne cheminée chez soi, car nous allons polluer un peu. Il faut avoir une coupelle en porcelaine spécialisée, ou un récipient en Pyrex que vous poserez sur une grille en fer, ou une plaque, un substitut d'amiante (puisqu'elle est interdite maintenant) Commencer pour la première fois avec une petite quantité, moins de 30 grs de broutilles, les recouvrir d'eau, et ensuite seulement (l'inverse est dangereux) ajouter un tiers (par rapport à l'eau ) d'acide sulfurique pur.
Je sais que c'est difficile à trouver désormais, sinon selon ce que vous trouvez , variez les proportions en conséquence de façon a obtenir un Dérocher puissant (25%) qui va bouffer (dissoudre) tout ce qui est ferreux restant .
Chauffer jusqu'à frémissement pendant 10 minutes et laisser agir en refroidissant pendant 3 heures. Si l'or prend une couleur rouge et que le bain devient tout noir, vous le savez déjà, c'est le fer qui a donné cette couleur en se délitant.
Lorsque le dérocher est froid, vider la mixture dans vos récipients spéciaux pour donner à traiter, et non dans les Water comme autrefois, rincer plusieurs fois à grande eau. Faites bouillir les broutilles dans une solution saturée de bicarbonate de soude, rincer et sécher, si vous avez un vieux sèche cheveux, cela accélérera le processus de séchage. 




Les broutilles étant bien sèches, les peser, et ajouter trois fois le poids de cuivre rosette électrolytique si possible, car il est pur , vous pourrez l'obtenir en grenaille ou en bâtonnets de fil rond. Faites un lingot, pas trop large qui sera facile à laminer. Laminer en le recuisant autant que nécessaire. Lorsque vous arrivez à une épaisseur proche de la limite de jointure de vos deux rouleaux, ne recuisez plus, descendez à trois dixièmes de m/m, si le métal craquelle, se fend sur les cotés, pas d'inquiétude (ce n'est pas de l'or à 750!). Vous avez donc une bande de métal, très fine, coupez la en paillons de 3 à 4 m/m de large. Lorsque tout est coupé , chauffer sur un charbon avec une flamme molle, sans aller jusqu'au recuit, pour être sur qu'il n'y a plus de gras. Laisser à nouveau refroidir.

A NOUS LA CHIMIE ou l'alchimie

Reprenez votre coupelle en porcelaine ou en Pyrex (pas le saladier de votre femme) préalablement bien rincé. Préparez une solution d'acide nitrique (eau forte) à 80 % , huit parties d'acide et deux parties d'eau, 1 litre pour 100 grammes de broutilles. Poser au fond du récipient 2 ou 3 grammes pour débuter puis avec délicatesse verser quelques gouttes de votre eau forte diluée. N'oubliez pas d'aller faire cela sous votre hotte, car il se produit un bouillonnement violent et et une vapeur brun rousse se dégage. Ne laissez pas d'outils en fer ou acier a coté, car le lendemain ils auront changé de couleur, quant a vous, reculez un peu, c'est pas très bon pour la peau et les poumons. Quand le bouillonnement est terminé recommencer avec une autre petite dose, rien ne résiste à cette potion magique sauf l'or et le platine. Le liquide n'est pas intéressant, mais la boue qui reste au fond du récipient, c'est ce que vous cherchiez, c'est de l'or fin .
Rincer plusieurs fois jusqu'à ce que l'eau soit claire, laisser sécher. Cette poudre qui reste, récupérez là dans un papier de soie et faire un petit sac fermé, le poser dans un creuset, humecter d'alcool à brûler, allumer le papier de soie, cela va tenir la poudre.



Commencez à chauffer au chalumeau, la flamme va devenir verte, un beau vert bronze, ne pas s'inquiéter, ce sont les restes d'acide. Ajoutez du borax et fondre à flamme molle , petit à petit au fond du creuset va apparaître la belle couleur de l'or fin, ou presque...considérez par précaution que vous avez du 995/1000°.
Quelle cuisine, il ne vous reste plus qu'a couler , servez froid, n'oubliez pas de débarrasser, faire la plonge...du moins nettoyer tout.

Sources et photos
Bijouterie Zimmermann à Québec  id2sorties Robert arnold

samedi 29 novembre 2008

150 ans de BOUCHERON; One more time

Boucheron poursuit sur sa lancée pour fêter ses 150 ans et le rythme des événements ne faiblit pas à l'approche de cette fin d'année.
La maison de la place Vendôme, a remarqué un Joaillier Anglais, Shaun Leane,qui fourmille d'idées, qui innove en respectant une certaine tradition.
C'est un vrai joaillier, je veux dire un professionnel du marteau , de la lime et de la pince,ayant appris le métier en atelier. Il a commencé à 16 ans comme apprenti à Hatton Garden quartier de Londres, il a passé 13 ans dans un atelier.
Il a fondé sa propre marque en lui donnant son nom en 1999 et six ans plus tard il lance sa première collection. Pour BOUCHERON il crée ce collier merveilleux.

Cliquez sur la photo pour l'agrandirQuel travail, quelle légèreté, et quelle chance d'avoir une commande pareille! Souvent dans son histoire Boucheron à sorti cette ligne de base, une sorte de point d'interrogation, une ligne sobre que la main de nombreux joailliers a transmis au crayon qui coure sur une feuille de papier. Partir de la base du cou, et d'un trait après être passé derrière ce cou , redescendre vers la poitrine.
Encore faut il habiller ce trait, et Shaun Leane s'est inspiré d'une tige remplie de fleurs qui au cours de la journée peuvent s'ouvrir .
La corolle de pétales s'ouvre, nous laisse entrevoir les étamines et les pistils, ces derniers laissent échapper une fragrance de celle qui ne laisse pas indifférent certainement du "B" de Boucheron, et cela Shaun à l'instar de la vraie fleur l'a réalisé,car en effet, ses onze bourgeons s'entrouvrent.

Cliquez sur la photo pour l'agrandirAlors, en bon professionnel, un réflexe si vous avez le collier en main, vous le retournez pour aller voir comment il a fait "voyons...il les a mis ou ses ressorts" etc car un pro, retourne toujours un bijou pour voir la finition, les mises à jours (il faudra un jour que j'en parle) les assemblages etc.


Les fleurs sont en or noirci et pavées de diamants et de saphirs blancs et bruns alors que les coeurs sont pavés de rubis. Sous leurs épines acérées se cache un saphir lilas, taillé en poire de 15 carats, il est détachable et peut être porté séparément en sautoir.
Quelle complexité, Boucheron parle de 3200 heures de travail.

Détail d'une branche cliquez pour l'agrandir
Les fleurs s'ouvrent à la main , mais chacune d'entre elles est équipée d'un bouton permettant de les refermer, ce bouton est dissimulé sous les pétales.
Boucheron dit à son propos "qu'il transforme une femme effacée en femme fatale, sensuelle et irrésistible" Je ne doute pas qu'elle soit fatale pour se faire offrir un pareil bijou.

Mais ce collier me réjouit, car le métier ne s'éteint pas, les idées fusent, les couleurs sont hardies (les budjets aussi) mais la Joaillerie Européenne reste de grande qualité.

Cliquez sur le titre "150 ans de Boucheron, one more time", pour voir d'autre bijoux de Shaun Leane
Les photographies sont de Guy Lucas de Peslouan

lundi 24 novembre 2008

Des Soutiens Gorge en or et pierres précieuses



Fin 2007, début 2008, on fêtait les 100 ans du soutien gorge. L'ennui c'est que personne n'est d'accord sur la date de l'invention, sauf que dans les années 30 ce sont les grands couturiers et surtout Paul Poiret qui l'imposeront à leurs clientes.

Les Chinois ont créé en 2007 ce soutien gorge en or de 630 grs,  ajouré sinon quel en aurait été le poids!  2000 heures de travail ont été nécessaires pour le fabriquer en sertissant des pierres précieuses et un diamant de 7 carats 50



Celui-ci dénommé "Black Diamond Miracle Bra", est incrusté de 3775 diamants noirs, 177 diamants de 1 carat chacun, 34 rubis, 2 diamants noirs de 100 carats chacun.
Le joaillier qui l'a fabriqué est Martin Katz pour le compte de Victoria Secret.
Prix 5 millions de dollars
Si d'autres veulent faire plus cher, il faudra prendre des diamants Blancs et Jonquilles, et que le mannequin ait un tour de poitrine plus important!!!!!

Sources: jetsetmagazine.net et beijing information

Sont ils les premiers à avoir pensé à faire des soutiens gorge en or et pierres précieuses ?


Pendant longtemps, il a été le premier soutien gorge fabriqué en or. Il a été créé par Sven Bolstenstern à Vienne en 1970 le commanditaire l'avait fait fabriquer avec une intention publicitaire.
La pointe du sommet est ornée de quelques diamants. Cela ne parait pas, mais l'objet a été difficile à terminer car il fallait trouver la bonne tension pour les fils.
D'après Grahm Hugues, l'objet plus, bijou qu'utilitaire avait été acquis par Spritzer et Furhmann, de Curaçao.
Désormais, chaque année il apparait un soutien gorge encore plus cher , donc:

Mais aussi; 

Toujours Victoria Secret , un amas de pierres précieuses


2004 - The Heavenly "70" Fantasy Bra
Un examen approfondi de ce soutien-gorge montre un travail de conception thématique détaillé. Peut-être que cette création de 100 millions de dollars a été la naissance des Angels secrets de Victoria.



Adriana "Lima" pour Victoria secret: 2 millions de dollars



Adriana "Lima" pour Mouawad


Charme d'asie


"Victoria secret" 10 millions d'euros



C'est tout en diamants "Louise Boutin"


Soutien Gorge "Mercedes pour un prince Saoudien

vendredi 21 novembre 2008

BOUCHERON,150 ans: De la Bague au Parfum




Une bague inspire un parfum, elle existait avant même qu'on ne l'appelle Diablotine, en 1988, Boucheron modifie légèrement sa bague et la façonne comme le modèle ci dessus (dessin aimablement fourni par la maison Boucheron).
Parrallelement, Boucheron crée son premier Parfum Bijou et le baptise , BOUCHERON.
C'est le groupe: Yves Saint Laurent Beauté qui le fabrique. Ce parfum évoque;

Il est préférable que je vous laisse lire la définition, car pour moi , c'est olfactif, je trouve que tel parfum me plait et d'autres pas.
Mais c'est aussi un peu comme le Beaujolais nouveau, certains vous parleront de Banane, de framboises, de cassis....?
Pour les 150 ans Boucheron vient de lancer un nouveau Parfum.
Comme "Boucheron" est né de la bague Diablotine,
"Boucheron pour hommes " de la montre "Reflets",
"B" a pris corps au coeur des ateliers de Joaillerie, a partir de la collection "Exquises Confidences" qui incarne la volupté.
Le secret de "B" La taille Pompom, brèveté par Boucheron qui ne dévoile la préciosité de la pierre facettée qu'a celle qui la porte.





-Le Godron d'or, cher à Boucheron, (pensez aux montres)
-Ce flacon n'offre ses secrets qu'a celle à qui il appartient: Il faut l'avoir en main pour decouvrir le Poinçon du Joaillier
- Sa lumière, omniprésente se reflète à la fois dans le prisme de verre, la pierre du capot et le métal gravé Boucheron Paris.
- Après le règne du Saphir, avec Diablotine, voici venu celui de l'émeraude La plus féminine et la plus fragile des pierres précieuses.








Avant que Diablotine ne soit associée au premier parfum
Boucheron, elle existait déjà sous une forme très proche,
c'est un de mes amis "André Conte"qui en avait fait la maquette.
A cette époque,pour garder une trace en volume, nous faisions un moulage: il fallait presser fortement l'objet (après l'avoir bien savonné) à mouler dans de la plastiline, (pate à modeler) puis le retirer délicatement pour ne pas déformer. Après avoir fait un bord en zinc autour de la plastiline, il ne restait plus qu'a couler du platre a modeler. Nous pliions un petit fil de fer , en lui donnant la forme d'un U et le placions dans le platre au bord supérieur.
Une fois démoulé, l'objet apparaissait en relief.
Après il ne restait plus qu'a le placer au mur de l'atelier à coté de ses prédécesseurs. Comme archive c'était plus parlant qu'une photo de l'époque.

lundi 17 novembre 2008

Rocher, Dérocher.



ROCHER: C'est recouvrir de Borax en poudre lié à de l'eau ou de collobore les parties que l'on veut souder.
DEROCHER: C'est le décapage d'une surface métallique par un bain d'acide sulfurique (ou de nouveaux produits équivalents)
Vous prenez 9 parties d'eau pour une partie d'acide sulfurique que vous mélangez dans une bouilloire en plomb, et vous mettez les parties de métal précieux que vous aviez soudées entre elles
dans ce bain qui chauffe doucement, chaleur entretenue par une petite veilleuse au gaz.
Collobore: mélange d'eau et de borax, utilisé lors de la soudure afin de favoriser la fonte des paillons de soudure qui en sont imprégnés.
Paillons: minuscules parties de plaques de soudures laminées, decoupées à la pince pour être placés à la jonction des deux parties à souder.
Borax. Mineral réduit en poudre, utilisé en bijouterie pour isoler le point de soudure de l'oxygene sur les métaux précieux

Voir site de Michel Zimmerman au Québec:
http://www.zimmermann-quebec.com/methode_show.php?unikid=20070913154502

dimanche 16 novembre 2008

Qu'est ce qu'un Rifloir ? qu'est ce que la Sausse?

Je pourrais vous répondre:un outil pour limer dans les coins!

En réalité les rifloirs sont des sortes de limes qui ne sont taillées que par les deux bouts. Ces deux extremités sont fines ou grosses, en proportion du calibre du rifloir. Elles sont aussi recourbées afin de pouvoir s'insinuer dans tous les coudes ou leur usage est nécessaire. Ils servent en Bijouterie Joaillerie et orfèvrerie, mais aussi en modelage ou en sculpture.



La SAUSSE:
Ce sont des liqueurs chaudes, composée de sels et de vert de gris (CH3 CO2)² CU, CU(OH)² H2O) pour donner de la couleur à l'or: même là, il faut touiller!!

Depuis l'antiquité, on le fabriquait en immergeant des morceaux de cuivre dans des tonneaux de vinaigre brulant ou des tonneaux de marc de raisins aussi riche en acide acétique que le vinaigre.

Un Ringard! en bijouterie



Un "Ringard" en Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, c'est une barre de fer , souvent crochue à l'une de ses extremités avec laquelle on remuait les métaux en fusion.
De nos jours c'est un agitateur mélangeur en céramique ou en graphite.


jeudi 13 novembre 2008

Joyau Sacré : La Couronne de Liège


Cliquez pour agrandir la photo



Cette très belle photo de Pierre Emmanuel Malissin, sur son site :
http://www.photos-galeries.com/category/musee-du-louvre/objets-dart/

nous permet de découvrir une pièce d'orfèvrerie du moyen age.
Juste un rappel, à l'époque les Orfèvres travaillaient les métaux précieux et fabriquaient aussi bien des bijoux que des objets sacrés ou des hanaps et le tout sous des règlementations sévères qu'il valait mieux ne pas enfreindre. Ci dessous un extrait de "Histoire anecdotique des métiers " paru en 1892
Cette Couronne, se compose de huit plaques de Vermeil (couche d'or sur argent) surmontées de fleur de Lys et reliées entre elles par huit anges. Pierreries et feuilles de chêne estampées, perles... au centre de chaque plaque se trouve une cavité qui renferme des reliques: ossements d'apôtres, de confesseurs, de martyrs, des reliques de la passion du Christ (Sainte Lance, Bois de la Croix, couronne d'épines).C'est grace aux inscriptions sur des petits parchemins que nous savons ce qu'elle contient.
Cette couronne est donc un témoin de la fabrication d'Orfevrerie du XIII eme   siècle





Saint louis l'offrit au Couvent des Dominicains de Liège. En effet des Liégois (Jacques de Vitry à la cinquième), avaient participé aux croisades aux cotés de Saint Louis.

Le reliquaire est sacré, car il est intimement mêlé au dialogue des hommes avec Dieu, l'homme peut voir, toucher surtout, le reliqaire pour implorer le Saint de lui accorder des Graces. Louis IX (Saint Louis)en 1235 avait acheté à Constantinople des fragments de reliques, il avait acquis d'abord la couronne d'épines à des marchands Vénitiens pour 135000 livres C'est dans les années qui suivent qu'il acheta (selon l'inventaire de 1740) 22 autres reliques . Elles furent regroupées dans une chasse, de plus de trois mêtres de haut en attendant que Saint Louis construisit la Sainte Chapelle dans l'Ile de la Cité pour abriter ces reliques. Certes Saint Louis était très pieux, mais il fut le premier qui se dota gràce à ces reliques, d'une légitimité tenue directement de Dieu. 
Ses successeurs d'ailleurs en firent un des moyens de la monarchie de droit divin. De plus il fit de nombreux "cadeaux" de ces parties de reliques a sa famille mais aussi aux communanutés religieuses, assurant ainsi son image

lundi 10 novembre 2008

Le collier de perles françaises de l'Impératrice Eugénie



Etait-ce l 'un des de ces colliers?
Toujours est il qu'un collier de perles d'eau douce fut offert à l'impératrice Eugénie lors d'un séjour à Plombières. Michel Zimmerman  qui se souvient de Dina Level doit se souvenir de ce passage de notre cours sur les perles 

"En France ou elles sont connues depuis longtemps, les moules d'eau douce appelées Uniès, ou mulettes des vosges sont suffisamment belles pour qu'un collier de perles des moules de la Vologne ait pu être offert à l' Impératrice lors d'un séjour à Plombières"




Il faut remonter à l'impératrice Joséphine de Beauharnais pour découvrir que toute la famille impériale fréquentait les cures thermales. La mère de Napoléon, allait à Vichy et Aix les Bains,Pauline, la soeur de Napoléon, fréquente Aix les Bains. Joséphine de Beauharnais allait à Plombières pour soigner sa stérilité en vain, et en 1806, la ville de plombières offrit à Joséphine, un bracelet de perles de la Vologne. Eugénie connaissait bien les stations thermales ou elle se rendait déjà avec sa mère, et elle aussi, comme Joséphine espérait trouver une solution médicale pour concevoir le prince héritier avec succès.
C'est ainsi que Saint Loubouer put prendre le nom d'Eugénie les bains. Si vous allez à Eugénie les Bains , laissez l'eau ou elle est et rendez vous plutot chez Michel Guérard aux "Prés d'Eugénie".
Napoléon III lui préférait Plombières, égal de Contrexeville ou de Vittel, mais toute la "jet set" parisienne se rendait dans ce Saint tropez de l'époque, et Napoléon III trouvait des P......(pardon) des demies mondaines, pour son plaisir.
Il en profitait aussi pour recevoir, c'est ainsi qu'à Plombières l'empereur invita Camillo Benso, Comte de Cavour afin de l'aider à régler l'affaire
de l'unité Italienne.
Alors! Les perles de ce bracelet et de ce collier offert à nos impératrices par la ville de Plombières, d'où venaient elles?.......De la Vologne.


Mes petits bonheurs: le saut des cuves

La Vologne, se trouve entre le Honeck et le col de la schlucht dans le massif des vosges.
Au XVI ème siècle la Vologne (et surtout son affluent, le Neuné) était jonchée de "Mulettes"dont le nom savant est "margaritana margaritiféra", mollusque d'environ 11 centimètres de long sur 5 qui peut vivre entre 80 et 100 ans.




 Leur pêche était réglementée par les Ducs de Lorraine. Les Ducs avaient des "gardes perles qui veillaient sur ce trésor.
Certains ont écrit que cela leur rapportait peu, juste pour le plaisir d'offrir, pour servir leur vanité... D'autres écrivent que cela renflouait les caisses des Ducs...
Il est certain qu'avec l'apparition du chemin de fer, la Vogue des Cures thermales à l'exemple de la famille Impériale, la publicité naissante et les progrès de la thérapeutique thermale développèrent les ventes de ces perles qui malheureusement ne se régénéraient que lentement. Ajouter la pollution des rivières et vous comprendrez pourquoi les perles d'eau douce ont disparues de nos rivières au XIX ème.
L'impératrice Eugénie aimait les perles, témoin ce diadème réalisé par Alexandre Gabriel Lemonnier (1808-1884) qui est parvenu jusqu'à nous , malgré la braderie des bijoux royaux par la république:





Il n'est pas interdit d'espérer car finalement l'industrie Textile ayant disparue, la Vologne a retrouvé la qualité de son eau, les truites sont revenues, peut être bientôt les moules d'eau douce.
Un très beau dossier sur les perles, à voir en le téléchargeant au moyen d'un copier-coller dans la barre internet
http://www.mnhn.fr/museum/front/medias/dossPresse/11618_dpperles.pdf

Un autre site: http://perles.effisk.net/?167-mulette-perliere
Encore un autre très beau site:
http://blog.perle-gemme.com/site/Histoire_naturelle_de_la_perle-49.html

mardi 28 octobre 2008

Club et balle de Golf en Or

Il y a quelques années, la secrétaire générale d'une grande entreprise internationale, me demanda si je pouvais passer au siège pour étudier une possibilité de projet. On ne refuse pas de pareilles occasions et j'acceptais le rendez-vous fixé avec les directeurs du service publicité et marketing. Cette grande maison, désirait fêter le départ de son ex PDG qui prenait de nouvelles fonctions en Allemagne. Au cours de la réunion qui suivit, ils me demandèrent si j'avais une idée pour un cadeau qui reste, et en métal précieux. Après avoir fait un tour d'horizon, je demandais si leur ancien Directeur Général avait un "dada", "oui, le Golf". "Je pourrais vous faire un porte-clefs balle de golf en or, avec la chaine de porte- clefs en or".
"Hum !!!!" A leur mine, je voyais que cela ne convenait pas. Je leur demandais donc un peu de temps
 Pour réfléchir et revenir avec un projet.
  Il n'y avait plus qu'a s'y mettre, j'avais bien une idée, mais pour la réaliser !!!! Car il y avait un délai. Je fis appel à quelques copains, Olivier voulait bien m'aider et donc je retournais proposer un dessin :


Cliquez pour agrandir

"Voilà Madame, Messieurs, ce pourrait être un objet à poser sur son bureau, je propose de symboliser l'herbe du terrain de golf par une plaque de Malachite, la balle de golf serait en or gris rhodié, une montre à quartz à l'intérieur, le Wood serait un lamellé collé de bois précieux, le manche en or jaune, et le lien entre le bois et le manche serait un poil d'éléphant, la taille 16/24 cm environ"

Tour de table, question désagréable "le prix" ?

Bof, l'essentiel, je repartais avec la commande.
Content, pour l'avoir eu, alors que cette grande maison pouvait demander à nos grandes maisons de Joaillerie, et content parce que pour un artisan, c'est tellement motivant de faire un travail inhabituel.
Et c'est à partir de là que les ennuis commencent, cela ne vient pas de la partie métal précieux, mais d'abord de la malachite. 
Pas de plaque de malachite, a Idar Oberstein, ou à Paris personne n'a une aussi grande plaque. Les amis parisiens finissent par m'expliquer "tu comprends bien qu'avec une grande plaque comme cela, on peut tailler pleins de petits objets, que déjà il faut trouver la pierre brute, mais que de toutes façons !!!!"
Et la date, impérative...il y avait un grand repas de prévu, des personnes venant de l'étranger, enfin, tout quoi !



Ensuite, "Dis donc, ton poil d'éléphant, t'as vu la taille qu'il faudrait ?" "T'as pensé à demander à Giscard ?"
Bon on remplacera par un fil d'Argent. Pendant ce temps je contactais les fournisseurs d'écrins. Les allemands si dynamiques en matière d'écrins me dirent d'emblée que sortis de leur fabrication habituelle, pas de pièces spéciales. Les Italiens pareils, les Français pas mieux. "Tu devrais téléphoner à ....... C'est lui qui fait ceux des grands de la place Vendôme" Oui mais moi, pas grand de la place.

"Vous n'y pensez pas monsieur, (avec un air de majordome qui s'adresse à un non initié) c'est tout un travail, et de plus, quinze jours !!!!!" Vraiment il n'arrivait plus à respirer.
Alors comme cela m'était déjà arrivé plusieurs fois, je fis appel à ma copine Elisabeth. Je lui téléphonais à Granville dans la Manche en lui disant que le mieux, c'était qu'elle veuille bien venir à Rouen qu'on en discute.
Totalement calme "so british" elle avait appris l'ébénisterie au pays de Galles je crois, elle m'écouta gravement lui demander de faire une boite en bois, si possible précieux, pour mettre notre objet, et si en plus cela pouvait avoir de la gueule, ce serait encore mieux. Le prix? "eh bien, tache de ne pas m'écraser, mon devis est serré" Elle repartit à Granville, me téléphona deux ou trois fois pour me dire qu'elle réfléchissait et que…"Tu sais qu'on n'a pas le temps !!"



Enfin ! en dédoublant par un sciage une plaque de malachite, (cela se voit sur la photo) et en la collant sur un socle de pierre colorée dans le même vert que la malachite, le premier problème était résolu. Il était décidé de faire la balle de Golf en entier avec la partie supérieure ouvrante,

  


La plaque de couche du Wood est en Cornaline, les vis sont en or, le lamellé collé est en poirier, citronnier et palissandre. Pour l'écrin, obligé de faire confiance à Elisabeth, mais j'avais l'habitude, il fallait juste que je m'assure moi-même que tout irait bien !! Et...et..vint le matin de la livraison, Elisabeth, toujours flegmatique, m'apporte son travail. Le coffret sort de son carton, nous le mettons sur une table du magasin, et une fois le papier enlevé...eh bien, on parle peu, "C'est bien, c'est très bien" c'est un bois magnifique, et tu as fait l'ouverture en biais ?" Je touche, j'adore toucher, c'est une partie de ma vue, je la laisse parler, (pour ceux qui me connaissent !!) elle m'explique que de toutes les formes envisagées, c'était le cube qui lui avait paru le meilleur volume. Mais elle trouvait "froid" l'ouverture sur une face seulement, alors elle avait tiré une diagonale, j'entendais tout ce qu'elle disait mais je découvrais et je pensais à plein de choses en même temps. "Quels bois" ... "Du sycomore et de l'ébène". Elle avait souligné certaines lignes avec le noir de l'ébène, elle attira mon attention sur la charnière ...réalisée en bois !!! oui ..oui.. En bois.
Puis pour ouvrir, on le voit bien sur la photo, en bas du coté ouvrant, comme un coin de page de livre légèrement courbé. Je ne pouvais que dire "Merci Elisabeth" entre manuels, nous savons l'effort et la perfection de chacun, surtout les autres car moi je suis toujours pressé. Elisabeth s'appelle Beaupère, elle n'a pas pu vivre décemment de son art, maintenant on fait moins bien, mais tellement moins cher dans le sud-est asiatique, elle avait plus ou moins arrêté, je la retrouverais un jour, car elle a du talent, de celui qu'on nomme universel. 
Une dernière surprise, tout était fin prêt, il fallait livrer, à 20 heures, dans une salle particulière d'un restaurant. Il était temps que j'arrive, tout le monde était là, j'ai ouvert mon paquet, le récipiendaire est venu, a ouvert le coffret, nous avons sorti "l'objet Golf", il l'a regardé, a ouvert la balle de golf, a vu la montre, et a tiré sur le manche du club, celui en or jaune, alors je suis intervenu et je lui ai dit "attention, il n'y a pas si longtemps qu'il est collé" et alors, avec son merveilleux accent du Piémont, il m'a demandé, "ce n'est pas un stylo?" Eh non ! je n'y avais pas pensé.

dimanche 12 octobre 2008

Les Croix Normandes

Croix Normande


J'ai vécu 65 ans en Normandie, mes antécédents sont bretons aussi loin que je puisse remonter, mais je suis né un 14 juillet (1942) rue Lafayette sur la rive gauche, cette rive besogneuse, industrielle. Le quartier Saint Sever a aussi hébergé les manufactures de Faiences si appréciée des collectionneurs. Les fabricants bijoutiers étaient pratiquement tous rive droite, la vieille ville, celle ou s'étaient déja installés les Romains, j'en ai déjà parlé à propos de l'Auréus de l'empereur Commode que mes amis archéologues avaient découvert derrière le carrefour de la rue ganterie, carrefour des deux grandes voies Romaines, d'ou son nom de carrefour de la Crosse(la croix).

https://richardjeanjacques.blogspot.fr/2007/07/monnaies-montes-en-bijoux-cest-pas.html

Si nos Normands savent faire preuve de réserve, de quant à soi, la méfiance va de pair, et on ne parle pas de somme d'argent comme cela, en revanche en matière de bijoux, les croix Normandes ne passaient pas inaperçues.
Mais il ne faut pas oublier, que Rouen a été très longtemps la deuxième ville du Royaume après Paris, et cela ne put se faire que par un certain acharnement au travail et à l'épargne et comme ce sang Viking qui coule dans leur veine les pousse a être fier, Il leur faut montrer "qu'ils ont du bien".
Ailleurs on dirait de "l'argent", ici, avec une certaine Pudeur, "on a du bien". Combien de fois ai-je entendu des vieux (anciens) Normands me dire "C'est pas que je ne peux pas, mais..." manière de me faire comprendre que Madame avait placé la barre un peu haut. Mais il fallait parler , revenir sur le sujet, ne jamais pousser trop sur le plus cher, être un peu l'allié de Madame, sans jamais forcer Monsieur, et puis cela se faisait, nous avions "causé" . cela m'a souvent surpris de voir sur le pas de la porte le client se retourner et me remercier. Souvent je leur ai répondu "mais je viens de vous prendre votre argent, vous m'avez payé!" "oui, mais vous l'avez bien fait"




Il y eut les Croix bosses, les Croix Jeannettes, la Croix "à cadrille" dite Croix de Saint Lô; toutes fabriquées au 18 eme siecle, mais c'est à la fin du siecle, une fois la révolution terminée lorsque le "controle" reprit en 1797 qu'apparut la Croix dite de Rouen. Au summum de leur art, les orfèvres et Joailliers étaient très nombreux à Rouen. Ceux ci couvrirent les croix qu'ils fabriquaient de petits "Strass" c'est pourquoi la Croix de Rouen fut appelée Croix à Pierres.

Toute cette dentelle résulte d'un travail qu'on appelle repercé. Sur une plaque d'or, légèrement emboutie, l'artisan dessinait un décor, perçait le métal à l'aide d'un "drille" puis "reperçait" le décor dessiné pour en faire ce bijou d'une grande légèreté. Mais il fallait du volume aussi, tout en maintenant une certaine legèreté, et une fois les "Strass" sertis, on assemblait ces espèces de Cônes surélevés, creux, d'une épaisseur de 2 à 3/IO° de m/m . Ce qui n'aurait pas résisté au polissage et encore moins au porter. Alors on bourrait ces cônes de papier brouillard, de terre, de mastic. et le plus souvent de gomme laque.



Croix de Rouen


Mais,évidemment, plus question de souder ces cônes sur la base en or, tout aurait flambé à l'intérieur. Alors on assemblait les deux parties avec une technique qui ressemble un peu à de la patisserie, comme lorsque vous faites un chausson aux pommes et que pour le refermer, vous écrasez les deux parties.


Pour "l'empierrage" il n'y a pratiquement pas de diamants sur les bijoux normands, ils utilisaient du Quartz blanc, le "Cristal de Roche" appelé aussi "cailloux du Rhin", ou "diamants d'Alençon" En effet il y avait aux environs d'Alençon des carrières de granit à Pont percé ou on trouvait du quartz bien critallisé. 







Mais , vers 1750, Frédéric Strasser mit au point le "strass" et il devellopa ses recherches pour obtenir la plus belle apparence selon les gemmes à imiter.

Il eut un succès fou, avec son "verre au plomb" composé de silice, de potasse, d'oxyde de plomb, de borax, d'arsenic. C'est l'apport du plomb qui lui donne de l'éclat, il en est de même pour la fabrication des "verres(à boire) en Cristal, c'est du verre au plomb. La plupart des croix normandes sont serties de "Strass" Très souvent sous le strass, à la fois pour lui donner de l'éclat et l'isoler du fourrage des éléments en relief, les orfevres plaçaient une sorte de papier qui ressemblait à notre actuel papier chocolat.
Et voila nos croix terminées, pour les porter autour du cou, on passaient une tresse de soie noire.

150 ans plus tard, les réparer c'était autre chose, et s'il est vrai qu'il était difficile de souder, j'en ai sauvé pas mal. Beaucoup de Croix normandes me parvenaient cassées, ou cochonnées par des soudures à l étain sur lesquelles on ne pouvait intervenir car l'étain ronge l' or dès qu'on réchauffe. Mais cela valait la peine de se "défoncer" car des Croix à Pierres il y en eut de superbes, souvent longues de 6 à 10 cm.






Il y a une vingtaine d'année nous eumes des nouveaux chalumeaux, les "micro dard" un appareil qui décomposait l'eau distillée pour séparer l'hydrogène de l oxygène et en faire un mélange inflammable. Un "chalumeau à eau " qui faisait des petites flammes comme une tête d'épingle, c'était un énorme progrès. Mais depuis quelques années, nous avons "des chalumeaux Lasers"


Un faisceau laser focalisé rassemble en peu de temps une très grande quantité d'énergie lumineuse dans un très petit espace. Les milieux que le laser traverse absorbent une partie de cette énergie, restituée sous forme de chaleur, ce qui peut "vaporiser" n'importe quel tissu vivant et amener l'or au point de fusion . On peut souder une griffe sur un bijou, sans toucher le diamant qui est serti.


Croix de Rouen Boutemy expertise

Ces croix normandes ont été souvent fabriqués avec un titrage d'or très faible et nos Antiquaires voyaient les services de Garantie, détruire des chefs d oeuvre, parce qu'elle n'étaient pas au titre reconnus de 18 carats soit 750/1000°. C'est Jean Lecanuet, Maire de Rouen qui intervint auprès de l'administration des finances pour qu'elle ne détruise plus nos trésors normands.

Terminons par le plus prestigieux des fabricants joailliers

En 1863 Louis François Cartier fabriqua cette croix de Rouen, elle est reproduite dans l excellent et très beau livre "Cartier" de Hans Nadelhoffer. il a été réédité aux éditions du regard avec de nouvelles photos....en couleurs.
je crois qu'il reste peu de "Croix à Pierre de Rouen", alors prenez en soin.

Merci au Musées départementaux de Seine Maritimes, et a Brigitte Bouret pour son livre sur les orfevres de Haute Normandie
Un lien interessant sur les musées de Haute Normandie:http://www.musees-haute-normandie.fr

La Saga Varangoz, Berquin Varangoz, Aristide Fourrier, Daniel Mousseaux: La ménagerie de CARTIER, mais aussi des travaux pour FALIZE, BOUCHERON ou FABERGÉ

  Charles Marcellin Varangoz , d'après son acte de déçès  avait 69 ans le 26-10-1899, il serait donc né en 1830 à Salins les bains  dans...